literature

Fabliau in Old French style - La Ruse du Jambon

Deviation Actions

sewandrere's avatar
By
Published:
1.9K Views

Literature Text

La ruse del bacon



    Que fablieus veirs se puet estre
Jo nel puis que ametre
En cest jorn ne puis oblier
Et ausi vos voil conter
D'aventure avint a dous laruns
De dous vilains et lor bacuns
Que de ma jovence me rapele.
Uns vilains, ne sai cument s’apele
Manoit en Rodom avoec sa dame
Et estoit un poi soz d’ame
Avoit por l’iver bel bacun sauvez
Et petites bestes au bercil placez
Et par sa fiertez fu pris
Ses veisins envirun lor dist
Cuidant que ço ne li porteroit mal
Mes dui suen ne sont amical
Et ne poänt rien por l’iver mengier
Voloit l’uns le bacun le li rober
Et l’autres aussi, les soes bestes.

    Non ne vos chant gaire de gestes
Li dui sont en fole atendance
Qui aus vilains ne lor portera cheance,
Par noit font assaut a l’ostel
Li plus granz le vilain fors apele
Par chant de leu il inquietez
Quite sa fame, estoit cochiez
Et lesse dariere lui la porte overte
L’autres plus petiz a l’erte
Et quant l’uis voit l’ostel entre
Il ne set que fet, apel del ventre
Li plus petiz est li mens fol
Ausi quant fame li parole
Cuidant que ço fut ses mariz
Il fet l’espous et li diz
Criem que ceste noise fust traïson
Por que nos eissiens fors la mesun
Criem por le bacon que gens le robassent
Ameroie bele suer que rapelasses
Ou le bacon avons cachiez
Que jel mete a seür guardez.
La fame, poi fine, en croit tot
Et que ses mariz li dist mot
Revele au laron sans doutance
Ou ont concelez la lor manjance.
Ainz d’issir li dist encore li sceleraz
Quant j'entrerai, tuens mariz, diras
Que se taisir nos eümes fet mieus.

    Si ist l'ostel tot orgueileus
Et se vait joindre suen complice
Qui bele beste del bercil is
Et soz amble li vilains acoiseement
Et li laron rïent lieement,
O de se taisir lor fu mieus !
Ausi nos dist cest fablieus
Que fol est qui de aute voiz
Se vante de ço qu'il porsoit.

Explicit de la ruse del bacon.


ʆé Ƿandrere, juin 2015







La ruse du jambon



Qu’un fabliau puisse être la vérité, je ne peux que le confirmer. A ce jour je ne peux oublier, et me vais aussi vous conter, l’aventure qui arriva à deux larrons, deux paysans et leurs jambons, et que depuis ma jeunesse je me rappelle. Un paysan, dont je ne sais plus le nom, vivait à Rouen avec sa femme. Il était un peu sot dans l’âme, il avait mis de côté un beau jambon pour l’hiver et quelques bêtes dans sa bergerie. La fierté le pris et il s'en vanta dans le voisinage, ne pensant pas que cela lui rapporterait quelques maux. Or deux de ses voisins ne lui étaient guère amicaux, et n'ayant rien à manger pour l'hiver, l'un lui enviait son jambon, et l'autre ses bêtes.

Non ce n'est pas une chanson de geste que je vous conte, les deux se mirent à comploter, et cela n'allait pas porter chance au couple de paysans. Une nuit ils attaquent la ferme, le plus grand des deux attire le paysan au dehors en criant loup, ce dernier qui était couché avec sa femme au lit sort en laissant la porte ouverte. Le plus petit des deux comparses est alerte et quand il voit la porte, il se faufile dans la maison.

Il ne sait pas ce qu'il fait, l'appel du ventre est le plus fort, mais le plus petit est le moins sot et quand il entend la femme parler, croyant que c'est son mari qui est revenu, il prend la voix du mari et dit : « J'ai peur que ce bruit dehors ne soit qu'une ruse pour nous faire sortir de la maison, j'ai peur pour notre jambon qu'on nous le dérobe, aussi j'aimerais chère amie que vous me rappeliez où nous l'avons caché, afin que je le mette en sûreté. » La femme, peu fine, en a cru chaque mot, et croyant avoir affaire à son époux, lui révèle sans se douter de rien ou le jambon est rangé. Avant de partir celui-ci lui dit encore : « Quand je rentrerai, moi ton mari, rappelle-moi que nous aurions mieux fait de nous taire. » Sur ces mots il quitte le logis, tout fier de lui, pour aller rejoindre son complice qui sort une bête de la bergerie.

Et tandis que le paysans continue de chercher sans comprendre, les comparses rient joyeusement. Oh que de se taire ils eurent mieux fait ! Ainsi nous dit ce fabliau qu'idiot est qui se vante de ce qu'il a à haute voix.

Fin de la Ruse du Jambon.



ʆé Ƿandrere, juin 2015







The Trick of the Ham



That a fabliau may tell the truth, I can only but confirm it. To this day I can't forget, and thus will recount you of the events that happened to two thieves, a couple of peasants and their ham, a story I remember from my childhood. A peasant – whose name I forgot – once lived in Rouen with his wife. He wasn't all clever, he had prepared a beautiful ham for the coming Winter, and a few beasts in his barn. Out of arrogance he told his neghbours, not thinking this would be to his misfortune. But two of his neighbour aren't quite kind to him, and having nothing to eat for the coming Winter, they began to fancy one his ham and the other his beasts.

No this is not a chanson de geste that I'm telling you, the two are plotting and this won't bring the peasants any good. One night they assault the farm, the bigger of the two attracts the peasant outside by screaming as a wolf.

The peasants lets his wife, they were sleeping, and leaves the door open as he rushes outside. When the second robber – the smaller - sees the door ajar, he enters the abode – he doesn't quite know what he's doing, the call of hunger being too intense. But the smaller is quite clever, and as he hears the woman talk – she thinks it's her husbnd who's coming back – he imitates the husband's voice and says : "I was afraid this noise we heard outside might be a trick to draw us out of the house, I am afraid for our ham that some might try to rob it, and thus I'd like you to remind me of the place where we hid it, so that I could remove it to a place of safety." The woman, she isn't clever like the robber, believes every word of his and reveals where the ham is kept. Before he goes out of the house, the robber says : "When I come back, tell me – your husband - that we had better not have boasted that we had a ham."

And there he leaves the farm, quite happy of himself, and joins his accomplice who's drawing a beast out of the barn, and while the peasant keeps on searching outside without understanding, the two robbers go away laughing. Oh they had better not have boasted that they had a ham! And thus this fabliau tells us that it is never clever to boast with what one has.

End of the Trick of the Ham.



ʆé Ƿandrere, June 2015
Image: "Cerebra Animalium", détail du tacuinum sanitatis dit "Latin 9333" rédigé en latin avec traduction en moyen haut allemand, probablement en Rhénanie au 14e siècle. Artiste anonyme.

My first fabliau I wrote in Old French, with modern French and English translations underneath.
© 2015 - 2024 sewandrere
Comments9
Join the community to add your comment. Already a deviant? Log In
DaRkGlAc3oN's avatar
So you wrote this yourself? I'd love to translate this into my conlang.